Sans tabou ni filtre, je vais te dire comment je suis parvenue à sortir de la boulimie, après des mois de galère.
Oui. Tu as bien lu : des mois de galère !
Donc avant d’entamer la lecture de ce récit, j’ai un petit conseil pour toi.
Prépare ta tasse de thé ou de café.
Car, ça promet d’être riche en péripéties !
Au début, c’était mal parti …
Quand je me suis décidée à mettre fin à la boulimie, j’étais perdue.
Je ne savais par où commencer ni à qui m’adresser.
Mon premier réflexe a été de rechercher sur Google les traitements contre la boulimie.
J’en cherchais surtout un pris en charge par la sécurité sociale. Mes ressources financières étant limitées, je souhaitais guérir tout en réduisant mes frais médicaux .
Suite à ces recherches, j’avais compris que je devais suivre un parcours de soins coordonnés.
Concrètement, cela signifie que je devais d’abord consulter un médecin traitant (consultation pris en charge à 70% par la sécurité sociale).
Puis, ce dernier devait me rediriger vers un spécialiste, tel un psychiatre ou un psychologue .
Les consultations chez le psychiatre sont remboursées à hauteur de 70% par la sécurité sociale.
En revanche, à ce jour, les consultations chez un psychologue ne sont pas remboursées. Sauf si le psychologue exerce au sein d’un CHU ou d’un centre médico psychologique ou si tu as moins de 25 ans.
Après ses recherches, je me souviens encore m’être dit : «Cool, ça n’a pas l’air d’être si compliquée que ça ! Je n’ai qu’à consulter mon médecin traitant et tout ira dans l’ordre. »
Eh bien, figure-toi que ce n’était pas si évident que ça.
« Le médecin ne prend pas de nouveaux patients »
J’avais déménagé en Haute – Savoie.
Je ne pouvais donc plus consulter mon médecin habituel, à moins de faire plus de 100 km en train. (Je n’avais pas encore mon permis de conduire à ce moment-là. Information importante pour la suite des mésaventures !).
Naturellement, je décidais de le remplacer par un autre proche de mon nouveau chez moi..
Je me souviens encore avoir passer une dizaine d’appels téléphoniques pour avoir un rendez-vous. Mais, on me répondait à chaque fois la même phrase : «Le médecin ne prends pas de nouveaux patients».
Je décidais donc d’élargir mon périmètre territorial.
Ma persévérance a fini par payer.
Un médecin acceptait enfin de me consulter. Il exerçait dans un autre département que le mien. Mais ça m’était égal.
Je suis allée à ce rendez-vous pleine d’espoir et d’appréhension à la fois. C’était la première fois que j’allais parler de mon trouble du comportement alimentaire à un professionnel de santé.
J’ai assez vite désenchantée.
« Malheureusement, je ne peux rien faire pour vous »
Dès le début de la consultation, le médecin m’avait fait comprendre qu’il ne pouvait pas être mon médecin traitant.
Car, je ne résidais pas dans son département.
Puis, lorsque je lui ai parlé de la boulimie, il m’a répondu qu’il ne pouvait rien faire pour moi. Sauf à me prescrire une analyse sanguine pour s’assurer que je n’avais rien de grave d’un point de vue physiologique.
Il m’avait également proposé de voir un spécialiste.
J’ai profité de cette perche pour lui faire part de mes recherches et de mon souhait d’être dirigée vers un spécialiste, justement.
C’était à la base l’objet de ma venue.
Le médecin a fini par me donner les coordonnées du centre médico psychologique de sa commune.
Mais, il me prévient qu’il y a de fortes chances que je ne sois pas acceptée. Pour la simple et bonne raison que je ne résidais pas dans le département.
Vu que le centre se trouvait juste à coté du cabinet médical, j’y suis allée.
« Le centre est fermé pour la prise en charge de la boulimie »
Arrivée au centre médico psychologique, le personnel de l’accueil m’avait répété mot pour mot les paroles du médecin .
Mais, très sympathique, il m’avait redirigé vers le centre de ma commune de résidence. Il m’ avait même donné leur coordonnées téléphoniques.
Ni une ni deux, je le contactais.
Et là, surprise ! La personne au bout du fil m’informait que le centre était fermé pour la prise en charge de la boulimie.
Pour m’en sortir, je devais me rendre dans une clinique située à une vingtaine de kilomètres de chez moi.
Alors que ma commune était peu desservie par les transports en commun, et (tu te souviens aussi ^^) que je n’avais pas encore mon permis de conduire.
Bref.
J’étais dégoûtée.
J’avais l’impression d’avoir fait toutes ses démarches pour rien.
C’était le retour à la case départ !
« Rien d’alarmant »
Je t’avoue que suite à ces péripéties, j’avais perdu la motivation de m’en sortir.
J’avais donc continué mes crises de boulimie pendant plusieurs mois, jusqu’ au jour où …
Je découvre un nouveau médecin à côté de chez moi.
Retrouvant une lueur d’espoir, je le contactais sur le champ.
Lors de la consultation, je lui parle de mon trouble du comportement alimentaire.
Et là, c’est la douche froide.
D’après lui, mes crises de boulimie n’avaient « rien d’alarmant ».
Oui certes, je ne subissais pas les effets de la boulimie sur mon corps. Mais, ce n’ était pas une raison pour les continuer.
J’étais abasourdie.
A partir de ce jour-là, j’ai renoncé à l’idée de consulter un médecin pour m’en sortir.
J’ai aussi décidé de faire les choses à ma manière quitte à devoir toucher au porte-monnaie. Car, après tout la santé n’a pas de prix.
A retenir
Malgré les déceptions ou les échecs, il y a du positif dans chaque expérience.
Ce que je retiens de celle-ci.
C’est ce qu’oser parler de la boulimie, c’est moitié du travail d’accompli.
En parlant ouvertement à ces professionnels de santé, j’ai réellement pris conscience de mon TCA.
En dépit de ces rendez-vous, sans succès, j’ai su rebondir et poursuivre ma lutte contre la boulimie.
Donc, peu importe les obstacles que tu seras amenée à rencontrer, crois en toi et n’abandonne pas.
Boulimie : voici (enfin) comment je m’en suis sortie
« Vous pouvez tenter l’hypnose »
Suite à ces mésaventures, j’ai une nouvelle fois fait des recherches sur le net.
J’ai fini par trouver le site d’une diététicienne – spécialisée dans la psychologie du trouble du comportement alimentaire.
Son cabinet de trouvait à dix minutes de chez moi.
Et la cerise sur le gâteau : la première consultation était gratuite.
Tu te doutes bien que je n’ai pas hésité à la contacter pour un rendez-vous.
Avant de la rencontrer, je croyais (à tort) qu’elle traitait à la fois le suivi nutritionnel et le suivi psychologique de la boulimie.
Durant notre échange, j’ai compris que le rôle d’une diététicienne spécialisée dans la psychologie des TCA est d’apporter un suivi nutritionnel en ayant une approche adaptée aux personnes souffrant de trouble alimentaire.
Elle m’a alors proposé de recourir à l’hypnose. Car, ça s’était révélé efficace contre la boulimie.
Cette idée ne me déplaisait pas. Et, après tout pourquoi pas ?
Vu mes précédentes démarches, je n’avais rien à perdre.
« Je consulte beaucoup autour de la boulimie vomitive »
Encore une fois, je me pose devant l’écran de mon ordinateur pour trouver une hypnothérapeute spécialisée dans les TCA.
Je finis par en trouver une non loin de mon travail, à Genève.
Mais, ne connaissant rien à l’hypnose, j’avais quelques appréhensions.
Je lui avais donc envoyé un courriel pour avoir un premier échange avec elle. Et, voir si le feeling passait.
Je n’ai pas été déçue.
Elle a été réactive et bienveillante.
Son expérience tant personnelle que professionnelle autour des troubles du comportement alimentaire m’avait rassuré.
Le rendez-vous était pris.
Ma première séance d’hypnose
Plus l’heure approchait , plus le stress et l’excitation m’envahissaient.
Une tonne de questions de profilait dans ma tête.
« Est-ce que ça va marcher sur moi ? »
« Vais-je arrêter mes crises de boulimie suite à cette thérapie ?».
« Et si, ça ne marche pas, quel traitement vais je devoir choisir pour enfin avoir une vie normale ? »
Comme tu peux le remarquer c’était un peu beaucoup la panique !
Bien heureusement, j’ai su me détendre avant la séance d’hypnose.
Je vais ici te présenter le déroulement de cette séance en 5 étapes :
- La discussion : La séance a commencé par un échange d’une quarantaine de minutes. Il portait sur ma relation avec la nourriture, la gestion de mes émotions, le déroulement de mes crises de boulimie etc. L’objectif de cette discussion a été de comprendre les raisons pour lesquelles je suis devenue boulimique vomitive.
- L’induction: Accompagnée d’une douce mélodie, je m’installais confortablement sur un fauteuil en cuir noir. Les yeux fermées, j’expirais et j’inspirai selon le rythme de la mélodie. Dès que la mélodie cessait, j’entamais un nouvel exercice. Guidée par la voix de la thérapeute, je prenais conscience de toutes les parties de mon corps. L’objectif de cette étape est de rentrer dans un état hypnotique. Dans le jardon, cela s’appelle l’état de conscience modifié. Lorsqu’une personne est dans cet état, elle est comme dans un rêve éveillé. Elle se souvient de tous ce qui se passe. Elle est ainsi consciente de tous ces faits et gestes.
- La visualisation (ou la phase de l’approfondissement) Ici, la thérapeute faisait appel à mon inconscient pour que je visualise mes difficultés. Pour ma part, j’avais visualisé une grosse boule rouge. Bien que, je ne comprenais pas pourquoi j’avais visualisé cet objet, je l’avais associé à ma relation avec ma mère. L’inconscient en hypnose est la partie de toi qui comprend toutes tes compétences, tes expériences, tes ressources etc. dont tu ignores l’existence. Cette étape permet aussi de s’ancrer davantage dans l’état hypnotique.
- Le travail sur soi: A mon sens, il s’agit de l’étape la plus intéressante. C’est à ce moment-là, où j’ai pu interagir avec la thérapeute. Mes interactions portaient sur mes visualisations i.e mes difficultés. Je me souviendrais toujours de cette première séance : j’ai fondu en larmes. J’ai craqué après avoir détruit la fameuse boule rouge. Car, elle représentait l’une des causes de mes crises de boulimie. L’objectif de cet étape est de travailler sur ces difficultés pour mieux les surmonter ensuite.
- La sortie de l’état hypnotique : Une fois que le travail en profondeur est terminé, je me laisse une nouvelle fois guidée par la voix de la thérapeute pour retrouver mon état de conscience normal.
Je rouvre les yeux.
Toutes les séances qui ont suivi se sont déroulées selon ces cinq étapes.
Mais, chaque séance restait unique.
Les conséquences de l’hypnose sur mes crises de boulimie
J’ai ressenti les effets de l’hypnose dès ma première séance.
Je suis passée de 7 crises de boulimie par semaine à 4.
Puis, au fil des séances ce nombre s’est davantage réduit jusqu’à ce qu’il tombe à zéro.
Pour tout te dire, ma première séance d’hypnose a eu lieu le 9 mars 2020 et, ma dernière crise de boulimie le 13 août 2020.
Depuis cette date, je n’en ai plus eu.
Entre temps, j’ai eu un suivi nutritionnel avec la diététicienne dont je t’avais parlé (cf.supra).
J’ai réappris les bases de l’alimentation et à composer mes repas.
Pour être honnête, il m’a fallu du temps pour retrouver une alimentation saine et équilibrée. J’avais perdu l’habitude de cuisiner pour moi et de faire des courses « normales ».
Donc … comment te dire qu’au début, c’était un peu la cata ^^.
J’ai commencé par acheter des plats cuisinés bio, notamment pour mes déjeuners au travail.
Puis, petit à petit, j’ai intégré les plats maison, et suis devenue une adepte du batch cooking:).
Enfin, je t’avoue que j’ai pris plus de 4 kilos suite à l’arrêt de mes crises de boulimie.
J’ai eu du mal à les accepter.
Mais, je suis parvenue à le faire en portant un regard plus bienveillant sur mon corps et en cessant de me peser tous les jours.
Ce qu’il faut retenir
- Commence à parler de ton trouble du comportement alimentaire à une personne de confiance.
- Fais preuve de persévérance. Malgré les obstacles que tu seras amené à rencontrer, ne baisse pas les bras. Et, continue de mener ta lutte contre la boulimie.
- Prends le temps de trouver le thérapeute qui te convient.
- Crois en toi. Tu es capable de t’en sortir.
Pour aller plus loin
Je t’invite à :
- Lire l’article : un traitement naturel contre la boulimie : ça existe ?
- Télécharger mon guide gratuit :
Aïdi