La réponse à cette question se résume en une phrase : les causes de la boulimie vomitive et non vomitive est multifactorielle.
Autrement dit, il n’existe pas une cause directe et spécifique de la boulimie.
Ce sont un ou plusieurs facteurs qui en sont à l’origine comme : la puberté, les régimes, les facteurs psychologiques, biologiques, socio-culturels etc.
Tu trouveras ci-dessous le détail de chacun de ces facteurs.
1 – L’adolescence : âge propice à l’apparition de la boulimie
Durant la puberté, le corps change. Les premières règles font leur apparition. Les formes aussi.
C’est la découverte d’un corps nouveau. Il est parfois difficile de l’accepter et de l’aimer.
Surtout quand il se transforme plus vite que celui de nos copines. On se sent moins jolie, trop grosse, trop différente…
Ce désamour, associé avec d’autres facteurs peuvent entrainer la boulimie.
Une étude menée en 1998 a démontré que la puberté était plus précoce chez les filles boulimiques. Cette précocité leur générait très souvent des sentiments négatifs vis à vis de leurs corps et l’image de soi.
Mon passé d’ex boulimique vomitive confirme les résultats de cette étude.
En effet, j’ai réalisé que mon corps se transformait à l’âge de 11 ans, grâce aux mots d’un moniteur d’escalade : « Toi, comme tu es la plus forte. Viens avec moi pour faire la démo à tes camarades. ».
Encore aujourd’hui, je n’ai pas oublié cette phrase.
Elle m’a marquée.
Car, c’est à ce moment là que j’ai compris que mon corps était différent de celui des autres.
2 – Les régimes : Cause de la boulimie ?
Les régimes restrictifs favorisent l’apparition de la boulimie.
Dans plus de 70 % des cas, ils sont à l’origine des troubles du comportement alimentaire.*
Attention cela ne veut pas dire les régimes sont la seule et l’unique cause de la boulimie. Loin de là.
Chaque années des milliers de personnes font des régimes. Elle ne deviennent pas pour autant tous boulimiques.
D’après les chiffres, 1,5 % de la population française âgée de 11 à 20 ans est touchée par la boulimie.**
Il y a donc d’autres facteurs à prendre en compte.
Les voici.
* Source : A. Gimenez, A. Perroud, D. Rigaud « Faire face aux troubles alimentaires », Retz, 2016
** Source : Site internet ameli.fr
3 – Les facteurs biologiques
1 – Les femmes plus touchées que les hommes
La puberté arrive plus tard chez les garçons que chez les filles.
De ce fait, ils ont plus de temps pour se préparer et s’adapter aux changements physiques, contrairement aux filles, surtout celles dont la puberté est précoce.
Dès lors, les filles sont plus prédisposées à devenir boulimiques que les garçons.
De plus, les changements physiques auxquelles elles doivent faire face pendant cette période sont bien différents de ceux des garçons.
En effet, les filles doivent se confronter à une importante prise de poids due à une augmentation de la masse grasse. Alors que chez les garçons la prise du poids résulte d’une augmentation de la masse musculaire.
Elles doivent également se confronter à de nouvelles difficultés liées à l’adolescence comme l’autonomie par rapport à la famille, la construction de leur propre vie, les exigences scolaires et socioprofessionnelles etc.
Bien que les femmes soient plus concernées par la boulimie, elle n’épargne pas les hommes non plus. Certains d’entre eux peut le devenir.
Pour finir, je tiens à ajouter que la boulimie peut toucher n’importe quelle personne quelque soit sa catégorie socio-professionnelles, ses origines etc.
2 – La boulimie : résultante d’une dépression
Selon une étude menée en 1998, la boulimie est la conséquence d’un état dépressif, chez certaines personnes.
Cet état dépressif peut notamment être due à des antécédents familiaux ou à un déséquilibre de sérotonine (hormone du bonheur) dans le cerveau.
4 – Les six causes psychologiques de la boulimie vomitive (et non vomitive)
1 – L’insatisfaction corporelle
Il s’agit du sentiment de gêne, de honte voire même de dégoût envers son propre corps.
Cette insatisfaction corporelle résulte des attentes que l’on a sur son apparence physique.
Autrement dit, une personne trouvera son corps moche tant qu’il ne se rapproche pas de son idéal de beauté ou bien des attentes de la sociétés. Ainsi, elle se sent moins attirante, moins belle que les autres.
Cette insatisfaction corporelle l’amène à suivre des régimes drastiques et/ ou à faire beaucoup de sport.
Malheureusement, ces restrictions et contraintes sportives sont intenables sur le long terme, d’où l’apparition des compulsions alimentaires.
C’est ainsi qu’ apparaît le cercle vicieux de la boulimie chez les personnes les plus prédisposées. (Cf. Partie les régimes : cause de la boulimie ?).
2 – Les pensées négatives
Les pensées négatives comme la pensée du « tout ou rien » entretiennent la boulimie.
Je t’en avais déjà un peu parlé dans mon article : Quelle différence entre boulimie et anorexie ?
Cette pensée du « tout ou rien » va naturellement influencer le comportement alimentaire. Une personne boulimique va ainsi s’interdire de manger certains aliments, restreindre son alimentaire et adopter des comportements compensatoires.
Exemple : Quand j’étais boulimique, je pensais dur comme fer que « je devais peser 61 kilos pour être jolie. Sinon, je suis moche.»
Dès que je faisais une crise ou mangeais un plat normal, je devais absolument me faire vomir, par peur de grossir et de m’éloigner de ma quête (vaine) de la minceur.
3 – Les émotions négatives
Les émotions négatives comme l’ennui, la peur de l’échec, la tristesse, la colère, la frustration , la déception etc. lorsqu’ ils ne sont pas ou mal gérés augmentent le risque de boulimie.
Dans ce cas, les crises de boulimie seront utilisées comme un outil de gestion de ces émotions.
Pendant la crise, la personne est comme anesthésiée. Elle ne ressent plus son mal-être et peut même se sentir apaisée.
La crise est ici une source de réconfort.
Elle est certes brève, mais elle est facilement accessible.
Exemple : La peur du passage à l’âge adulte
Comme je te l’ai expliqué plus haut, à la puberté, les filles comme les garçons d’ailleurs sont confrontés à de nouveaux changements dont la construction de leur propre vie et la séparation avec la famille.
Ces évènements peuvent être mal vécus et devenir un facteur de stress susceptible de déclencher la boulimie. En ce sens, une étude réalisée en 1989 a révélé que la détresse liée à la séparation est un facteur de risque au développement des troubles du comportement alimentaire tels que l’anorexie et la boulimie.
Dans ce cas, la boulimie est utilisée comme un moyen d’exprimer cette peur face à tous ces changements.
4 – Les traumatismes et abus sexuels subis pendant l’enfance
Bien que les traumatismes et les abus sexuels subis pendant l’enfance augmentent le risque de développer des problèmes psychologiques sur l’image de soi, l’estime de soi, le développement psycho-sexuel et les relations interpersonnelles, ils ne sont pas pour autant une cause directe et spécifique de la boulimie.
Il a, toutefois, été constaté qu’un certain nombre de personnes boulimiques avaient souffert de :
- Négligence émotionnelle,
- Environnement familial instable (exemple: parent dépressif ou alcoolique),
- Abus sexuels dans ou hors le cercle familial
- Maltraitance physique et psychologique
De plus, les études réalisées à ce sujet ne sont pas unanimes quant au lien de causalité entre ces évènements dramatiques et les TCA.
Certaines études ne sont pas parvenues à démontrer le lien de cause à effet entre les abus sexuels subis pendant l’enfance et les troubles du comportement alimentaire. Alors que d’autres sont parvenues à le faire.
Compte tenu de ces divergences, il est difficile de garantir que les traumatismes et les abus subis pendant l’enfance sont une cause spécifique de la boulimie.
5 – Les moqueries
« Tas de graisse », « grosse vache » , « hippopotame », « sumo » , « gros tas » et j’en passe.
Toutes ces railleries sont néfastes pour la construction d’une image positive de soi et la confiance en soi.
A force de les entendre, on les intériorise jusqu’ à les considérer comme une vérité absolue. Alors que la réalité en est tout autre.
Ainsi, les moqueries subies tant à l’école qu’au sein de la famille peuvent être une cause de la boulimie.
Ce qui a été mon cas.
Quand j’étais plus jeune, j’étais toujours en surpoids. La plus grande et la plus grosse de mes copines.
Malheureusement, je n’ai pas pu échapper aux remarques désagréables sur mon apparence physique, jusqu’à ce que je fasse régime drastique …
Puis, tu connais la suite.
6 – La personnalité
Bien que ce ne soit pas démontré par la science, certains traits de personnalité favorisent le développement de la boulimie, comme le perfectionnisme et le manque d’estime de soi.
Je te les avais déjà défini dans mon article : Quelle différence entre boulimie et anorexie ?
L’impulsivité est aussi un trait de personnalité favorisant le risque de boulimie.
5 – Le facteur génétique
Une étude réalisée sur des jumelles génétiquement identiques (monozygotes) a démontré que si une des deux sœurs souffre d’anorexie mentale, il y a environ 50 % de chance que l’autre sœur en souffre aussi.
Ce taux est beaucoup plus réduit pour les sœurs jumelles génétiquement différentes (dizygotes).*
Cependant, malgré les résultats de cette étude, rien ne prouve qu’il existerait un cause génétique ou héréditaire de la boulimie.
* Source : Vanderlinden J, « Vaincre la boulimie », De boeck, p.39, 2013
6 – Les facteurs socio-culturels
Les facteurs socio-culturels sont l’ensemble de normes, de valeurs etc. qui régissent une société.
Dans la société occidentale dans lequel nous vivons la beauté est très valorisée. Elle est associée à la minceur.
La minceur est entre autre synonyme de compétence et de réussite.
Une étude menée en 1997 a démontré que les facteurs socio-culturels ont une influence sur les troubles du comportement alimentaire* .
Cela ne signifie pas pour autant qu’ils en sont la cause directe.
En revanche, ils sont bien souvent à l’origine de l’insatisfaction corporelle.
Face à la profusion de corps minces voire inaccessibles dans les médias, la publicité, la télévision et les réseaux sociaux, ces diktats sont bien souvent intériorisés. Ce qui amène cette quête de la minceur pour se conformer aux normes de la société.
De plus, l’exposition à ces diktats arrive très tôt. Dès l’âge de 6 ans, les jeunes filles peuvent déjà se préoccuper de leur apparence physique.
L’approche psychanalytique de la boulimie
Il existe différentes approches psychanalytiques de la boulimie.
Les premières sont apparues dès le XXème siècle.
Par exemple : selon Sigmund Freud les vomissements provoqués suite à une crise de boulimie sont une « défense hystérique contre l’alimentation. »
Selon, le psychanalyste Otto Fenichel la boulimie est comme une » toxicomanie sans drogue« .
Aujourd’hui, une des approches de la boulimie est basée sur la relation avec les parents, notamment de la séparation avec la mère.
Dans le jargon, il s’agit de la « séparation avec l’objet d’amour primaire » (L’objet d’amour primaire = la mère).
Cette séparation peut être vécue de manière dramatique à l’enfance ou à l’adolescence. Si l’enfant ou l’adolescent (le Moi en psychanalyste) n’a pas atteint une certaine maturation.
Autrement dit, s’il est incapable d’être sans la présence de la mère. Cette capacité est pourtant indispensable pour son développement personnel.
L’apparition de la boulimie s’expliquerait donc par une « séparation avec l’objet d’amour primaire » qui menace le « Moi » dont le développement n’est pas encore achevé.
Pour aller plus loin
Avant de clôturer cet article sur les causes de la boulimie vomitive et non vomitive, j’ajouterai un énième facteur à prendre en considération.
Il s’agit du facteur familial.
En effet, le comportement alimentaire (régime par exemple) d’un membre de la famille peut influencer celui des autres. Et par conséquent, favoriser l’apparition des TCA s’il est reproduit à mauvais escient.
Dans le prolongement de cet article, je t’invite à lire ceux listés ci-dessous et à découvrir mon guide pratique et offert intitulé » 6 étapes pour se libérer de la boulimie. »
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Je te dis à très bientôt sur le blog 🙂
Aïdi