Une des lectrices du blog m’a, un jour, posé la question suivante : as-tu pu sortir de la boulimie vomitive sans grossir ? 

Je me doute que tu t’es demandée la même chose. Je ne te jette pas la pierre, je l’ai aussi fait au début de ma thérapie. 

Bref, là n’est pas le sujet. 

Ce qui t ’intéresse c’est de connaître la réponse à cette fameuse interrogation. 

Je vais te la donner. 

Mais avant de le faire, je veux que tu gardes en tête que ce que tu t’apprêtes à lire est issue de mon expérience personnelle

Ce n’est pas la vérité absolue. 

Cela étant dit, commençons ! 

Voici pourquoi, selon ma propre expérience, il est difficile de sortir de la boulimie vomitive sans grossir  

Personnellement, je pense qu’il est difficile de sortir de la boulimie vomitive sans prendre du poids pour les raisons suivantes : 

  1. Le métabolisme
  2. La reprise d’un mode alimentaire « normal »
  3. Le poids n’est pas la priorité durant la thérapie

Nous allons aborder successivement ces différents points.

1 – Le métabolisme

A force de priver ton corps de nourriture à causes des vomissements, ton métabolisme ralentit. 

Autrement dit, ton corps fait en sorte de te maintenir en vie en brûlant le moins possible les calories qu’il a en réserve. 

Ce qui a pour notamment pour effet de ralentir la perte de poids alors que tu apportes à ton corps un nombre très limité de calories (Merci les vomissements).

Il va de soi qu’au moment de la reprise d’un mode alimentaire normal, le poids va évoluer très certainement à la hausse pour retrouver son poids de forme. 

2 – La reprise d’un mode alimentaire « normal »

Dans notre société occidentale, le mode alimentaire normal consiste à faire les fameux trois repas par jour.

Voici une petite explication issue du livre de Bernard Waysfeld, « la peur de grossir » publié aux éditions Armand Colin : Ce mode alimentaire  » correspond le mieux à nos besoins physiologiques et en particulier à la mise en réserve de l’énergie par la foie qui va la stocker sous forme de glycogène et la libérer sous forme de glucose pendant 8 à 12 heures « .

Comme je l’ai expliqué à plusieurs reprises sur le blog, il est indispensable d'(ré)apprendre à s’alimenter et à retrouver un équilibre alimentaire ainsi qu’une relation saine avec la nourriture pour sortir de la boulimie. 

Petit rappel, tu peux retrouver ces explications ici : 

Se priver en sautant des repas ou se faisant vomir a pour effet d’alimenter les crises. 

Eh oui, la faim est l’une des causes des crises de boulimie 

Donc vaut mieux les éviter en mangeant les quantités dont tu as besoin, à chaque repas. 

L’une des conséquences de cette reprise alimentaire est la prise de poids, en tout cas ça a été le cas pour moi. 

3 – Le poids n’est pas la priorité durant la thérapie

Au début de ma thérapie, j’avais peur de prendre des kilos.

La peur de grossir était malheureusement toujours présente dans ma tête. 

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai continué à me peser au début de celle-ci. 

Je voulais m’assurer qu’elle n’avait pas trop d’impact sur mon poids. Autant te dire tout de suite que ce n’est pas du tout une idée de génie. Bien au contraire. Cela m’a empêché de me concentrer sur l’essentiel : me libérer de mon TCA. 

Pour tout te dire, au cours de mon suivi nutritionnel j’avais demandé à ma diététicienne de faire des séances dédiées à la perte de poids.  

Car j’avais commencé à prendre quelques kilos suite à la réduction de mes crises de boulimie. 

Elle m’a clairement répondu non. 

Je lui en ai voulu sur le coup. 

Ce n’est que plus tard que j’ai compris qu’elle avait raison.  

Elle ne pouvait pas m’accompagner dans une perte de poids alors que j’avais non seulement encore peur de grossir mais aussi je ne savais pas comment manger (Merci la boulimie !)  

C’est comme si je demandais à bébé de courir alors qu’il ne s’est pas encore marché. Tu vois ce que je veux dire ?  

Après des années de boulimie, je devais (re)apprendre à m’alimenter qualitativement et quantitativement. 

Cet apprentissage est primordial pour ne plus retomber dans le piège des TCA, même si cela implique la prise de quelques kilos. 

Durant la thérapie, le poids n’est pas la priorité. 

D’autant plus, que le but d’un suivi nutritionnel dans le cadre des TCA est notamment d’apprendre les bases de l’alimentation et à composer ces repas, pas de perdre du poids. 

Pour en savoir sur ce suivi, je t’invite à lire mon article : un traitement naturel contre la boulimie ça existe ?  

La prise de poids est-elle définitive ?

A mon sens, ce n’est qu’après avoir : 

  • Retrouver une relation saine avec la nourriture,  
  • Retrouver un équilibre alimentaire, 
  • Ne plus être obsédée par la balance,
  • Compris que les régimes drastiques sont à l’origine des TCA, qu’ainsi, il vaut mieux être accompagnée par un professionnel pour envisager une perte de poids.

Que tu peux envisager de perdre les kilos qui t’embêtent, si tu en as envie bien sûr ! 

Ce choix t’appartient. 

Ce qui a été mon cas. 

Après plus d’un an et demi sans crise de boulimie vomitive et sans me peser, je sentais que j’avais pris du poids. 

A ce moment-là, j’avais terminé mes séances d’hypnose et mon suivi nutritionnel. 

J’avais pris l’habitude de faire du batch cooking le dimanche après-midi, pour avoir en avance tous mes plats maison de la semaine. 

Bref, un équilibre était trouvé. 

Cependant, j’étais moins à l’aise dans mes vêtements. Je me plaisais moins en me regardant devant la glace.  

J’ai donc eu envie de perdre ces kilos superflus, sans faire de régime drastique.  

J’ai bien retenu la leçon. 

Je ne comptais pas reproduire les erreurs du passé en me lançant seule dans un régime restrictif. Si tu n’es pas une habituée du blog, je t’invite lire mon article : comment je suis devenue boulimique ? pour mieux comprendre mon propos. 

J’ai donc suivi un accompagnement sportif et alimentaire personnalisé sur 3 mois. 

Il m’a permis d’atteindre mon objectif de perte de poids sans ne me priver. 

Je ne suis pas non plus tombée dans mes vieux travers. Car quand j’ai commencé ce programme, j’étais bien dans ma tête et dans mon corps.  

Cela peut te paraître paradoxal, mais “malgré” (j’insiste sur les guillemets) la prise de poids, je restais bienveillante envers mon corps.

En résumé

Il est normal que tu t’interroges sur les effets de ton traitement contre la boulimie sur ton poids.  

Toutefois, je veux que tu comprennes que la prise de poids n’est pas une fatalité ni la priorité durant ta thérapie. 

La priorité est que tu te libères enfin de ton TCA. 

Ce n’est qu’après que tu peux songer à une éventuelle perte de poids si le cœur t’en dis.  

Car oui, elle est possible sous réserve d’être bien accompagnée pour ne pas retomber dans les troubles du comportement alimentaire.  

A très vite pour un prochain article ! 

Aïdi